Aurore Stéphant fait le bilan de la voiture électrique sur le plan des métaux utilisés et sur le plan énergétique. Aurore est ingénieure géologue minier, travaillant dans le secteur minier, spécialisée dans les risques environnementaux et sanitaires des filières minérales, cofondatrice de l’association SystExt.

Les informations présentées dans cet article proviennent d’un entretien avec Aurore Stéphant sur Thinkerview. Vous trouverez les liens utiles à la fin de l’article.

Plus on électrifie les voitures, plus on a besoin de cuivre

Il y a quatre grands types de véhicules. Chaque fois qu’on change de technologie et qu’on se rapproche du tout électrique, on augmente drastiquement la quantité de métal utilisée pour l’électrification.

Par exemple, pour le cuivre :

  • thermique (essence ou diesel) >> 20 kg de cuivre
  • hybride léger >> 40 kg de cuivre
  • hybride rechargeable >> 60 kg de cuivre
  • électrique WW80 kg de cuivre

Plus, pour les bornes de rechargement de niveau 3 >> 100 kg de cuivre
Plus le cuivre pour le réseau pour électrifier la borne de rechargeable…

Pour alléger les voitures, on consomme plus d’aluminium

Pour alléger la carcasse, on augmente la quantité d’aluminium : on était à 50 kg d’aluminium par voiture, on est monté à 140 kg.
Avec l’électrification, on va augmenter à 210 kg minimum.

La moindre batterie contient énormément de métaux

Le liquide dans lequel baigne les électrodes contient des sels de lithium (le plus souvent).

La cathode est constituée (le plus souvent) de nickel, manganèse, cobalt, et de lithium (chez Tesla, c’est une association lithium, fer, phosphore).

Un exemple
Dans la batterie de la Zoé, on trouve : 7 kg de lithium, 11 kg de cobalt, 11 kg de manganèse et 34 kg de nickel.

Pour info
L’anode des batteries est en graphite : 10 kg de graphite pour un véhicule thermique. On multiplie par 7 ou par 10 en passant d’une technologie à l’autre.

Pour se faire une idée
Il y a 5 à 10 g de cobalt dans un téléphone portable et 10 à 15 kg de cobalt dans une batterie…

D’où viennent ces métaux ?

Un exemple
Le cobalt vient majoritairement de République démocratique du Congo : plus de la moitié de la production mondiale vient de RDC et on y trouve aussi la plus grande réserve exploitable au monde. 40 % de cette production provient d’exploitations à petite échelle, le reste d’exploitations à grande échelle.

Un autre exemple
La mine souterraine de cuivre la plus importante au monde est celle d’El Teniente, avec plus de 4 500 km de galeries. La production, en 2020, a été de 443 220 t de cuivre, 8 214 t de molybdène, 106,4 t d’argent, 447 kg d’or et 1,204 million de t d’acide sulfurique (polluant très toxique). La mine est exploitée industriellement depuis 1905 avec, en 110 années, une production de 22,45 millions de t de cuivre. Les réserves prouvées et probables sont de 1,293 milliard de t de minerai renfermant 0,83 % de cuivre. (lelementarium.fr)

Au début du 21e siècle, la teneur en cuivre des gisements varie de 0,3 % à 2 %, exceptionnellement 4 ou 5 %, avec une moyenne de 0,6 %. Il faut donc en moyenne 167 kg de minerai pour extraire 1 kg de cuivre. D’autres métaux sont associés au cuivre dans les minerais. Ces métaux sont extraits par traitement chimique des minerais broyés à l’état de poudre. Il y a donc énormément de déchets à traiter.

Bilan de la voiture électrique

On ne peut pas faire le bilan énergétique d’une technologique en ne regardant que son utilisation. Le bilan énergétique global de son cycle de vie montre qu’une voiture tout électrique produit deux fois plus d’émissions de gaz à effet de serre qu’un véhicule thermique. Deux fois plus aussi (environ) de NOx (oxydes d’azote) et de SOx (oxydes de soufre).

 

Sources :

Aurore Stéphant sur Thinkerview

Résumé et timing de la vidéo

Thinkerview

Voir aussi l’enquête dans Reporterre sur le bilan énergétique de la voiture électrique.

Et le rapport de l’Agence européenne de l’Environnement (en anglais) sur les émissions de CO2 des différents types de véhicules.

En anglais, le début de cette vidéo explique comment les fabricants d’ampoules électriques se sont réunis en cartel pour réduire volontairement la durée de vie des ampoules à incandescence (the Phoebus Cartel, 1924). A lire sur Veritasium.

 

 

 

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