L’extraction de l’or

Dans le minerai d’or, on trouve environ 1 g d’or par tonne sous forme de paillettes, qui doit être sorti de terre, broyé, traité (par cyanuration à 80 % dans le monde, le reste par amalgamation au mercure). Le résultat est donc beaucoup de déchets (999,99 kg de terre par gramme d’or, plus des milliers de litres d’eau polluée). L’or est la matière minérale la plus polluante à extraire chimiquement, de l’ordre du milliard de tonnes d’eau cyanurées par an. 3 à 4 000 tonnes sont produites par an. (Tout ça pour, ensuite, mettre l’or en lingot ou sous forme de bijoux dans les sous-sols des banques…)

 Pendant longtemps, on a eu accès à de l’or sous forme de paillettes que l’on pouvait récupérer par amalgamation au mercure. Aujourd’hui, on arrive à des gisements où l’or est sous forme d’atomes à l’intérieur de minéraux sulfurés (entre autres) : c’est ce qu’on appelle l’“or lié”. Il y a aussi des micro-paillettes, mais l’essentiel de l’or est lié à l’intérieur du réseau cristallin minéral (comme le sulfure de cuivre ou le sulfure d’arsenic, l’arsénopyrite, etc.). Le mercure ayant atteint ses limites, on a donc fait appel au cyanure (depuis 1890).

La valeur de l’or

On pourrait argumenter que la valeur de l’or vient du fait que son extraction exige beaucoup, beaucoup de travail, donc que l’or consiste en une forme de stockage de calories… Mais il est très, très difficile aussi d’extraire une tonne de cuivre, dont la valeur est bien moindre.

Au delà de sa valeur symbolique unique, la valeur de l’or tient au fait que c’est un métal extrêmement stable, excessivement résistant à la corrosion et à l’oxydation, avec un très, très fort taux de recyclabilité. D’ailleurs, le platine, le paladium et le rhodium sont tout aussi intéressants.

À l’heure actuelle, l’or pourrait représenter entre 50 et 75 % des dépenses d’exploration minières, toutes substances confondues. Parmi les titres miniers en cours d’autorisation, beaucoup portent sur l’or.

Les usages de l’or

50 à 60 % : joaillerie et bijouterie, dont un tiers de ces 60 % en Inde
10 à 20 % : fonds de pension
20 à 30 % : stock des banques centrales
5 à 10 % : usages industriels

On recycle chaque année trois fois la quantité nécessaire pour les usages industriels.

Le projet Montagne d’or

Il s’agit d’un projet de méga-mine d’or en Guyane française, qui annonce une catastrophe écologique pour plusieurs raisons.

L’argument de François de Rugy (ex-ministre de la Transition écologie) pour la cyanuration était qu’on avait adopté la méthode de cyanuration pour résoudre les problèmes de l’amalgamation au mercure, très polluante. Mais en fait, ce n’est pas pour des raisons de pollution, car la cyanuration est extrêmement polluante elle aussi.

C’est parce qu’à Montagne d’Or, l’or est lié dans un sulfure de fer et de cuivre (chalcopyrite).

Donc le choix n’a pas du tout été pris pour des raisons environnementales, mais pour des raisons pratiques, pour extraire l’or quand il est sous forme infinétisimale (atome ou 50 microns).

Un autre problème rencontré en Guyane est que, comme il peut beaucoup, on ne peut pas construire de bassin de stockage des boues polluées qui puisse recevoir jusqu’à 500 mm d’eau de pluie en un mois. Donc les déchets seraient déchargés en partie dans les cours d’eau.

De plus, quand on creuse profondément, on met à jour des sols qui n’ont jamais vu l’extérieur. On arrive dans la roche en dur dans laquelle se trouvent toutes sortes de minéraux mélangés. Quand ces minéraux rencontrent l’air et l’eau, ils forment des acides : on obtient ce qu’on appelle le “drainage minier acide”. La roche ayant été préservée de l’eau et de l’oxydation, elle contient beaucoup de sulfures :

eau + sulphure + oxygène = acides sulfuriques

Pour ceux qui adorent la chimie, voyez ça: le cycle du soufre

Si vous êtes écolo, un conseil d’Aurore Stéphant : n’investissez pas dans l’or (dans d’autres minéraux, peut-être…).

Sources

Aurore Stéphant sur Thinkerview
Thinkerview

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